Qu’est-ce que pour moi l’Ashtanga ?
De manière historique et dans la
tradition générale du yoga, le terme Ashtanga désigne les huit
« membres » du yoga, c’est-à dire, les huit étapes ou branches du
travail visant au but du yoga.
Il s’agit tout d’abord de
recherches morales (Yama er Nyama), du travail postural (Asana) et respiratoire
(Pranayama), de concentration (Dharana), méditation (Dhyana), afin d’atteindre
le Samadhi, la libération spirituelle, la libération de la souffrance ou
l’illumination.
Le Yoga Ashtanga dont il est
question ici constitue le style de yoga instauré par le maître indien Sri K.
Pattabhi Jois de Mysore. Il s’agit d’un yoga très physique plutôt accès sur les
postures et l’alignement du corps. A savoir que pendant un cours d’Ashtanga, le
néophyte ne s’apercevra pas forcément d’une quelconque touche spirituelle, si
ce n’est au moment des mantras de début et de fin, ou lors de la relaxation
pendant les cours guidés.
Ce yoga se compose de
trois-quatre séries prédéterminées comportant deux types de Salutations ou
enchaînements dynamiques, des postures (asanas) en position debout, assise,
inversée et allongée, que l’élève ou sadhaka tient sur cinq respirations, en utilisant
la respiration Ujjayi. Chaque mouvement est lié à une inspiration ou une
expiration et il est important d’éviter au possible tout mouvement parasite. Certaines
postures sont intercalées de ce que l’on appelle un « Vinyasa », un
petit enchaînement favorisant la souplesse et le lien entre deux postures.
Cette notion fait référence à ce mouvement continu, ce lien présent entre le
mouvement et la respiration, mais également entre deux mouvements. La
respiration Ujjayi, qui signifie « Victorieux » est une respiration
nasale, thoracique et non abdominale, avec laquelle on émet un son au niveau de
la glotte. Il s’agit d’une respiration régulée qui a la particularité de
réchauffer tout le corps, ce qui permet un meilleur travail sur les muscles,
mais aussi une plus grande élimination par la transpiration. Le corps est alors
purifié.
En plus de cette respiration,
lors de la pratique, l’élève met en place les « Bandhas ». Il s’agit
de verrouillages corporels utilisés pour un travail sur le corps suivant les
différentes asanas. En Ashtanga, on en observe deux principaux, « Mula
Bhanda » pour contracter les muscles du périnée, et « Uddhyana
Bandha» pour bloquer et rentrer la partie abdominale. « Jalandhara
Bandha » est mis en place au niveau de la gorge, mais peu utilisé dans
cette pratique, si ce n’est lors de différents exercices de pranayama.
Ce style de yoga est un yoga que
je recommande aux personnes très actives qui portent beaucoup d’énergie en
elles. Il s’agit d’une pratique demandant une grande rigueur, une grande
discipline, et une des pratiques de yoga les plus intenses et les plus exigeantes
physiquement. En cela, elle me semble une très bonne préparation au travail sur
le mental.
Au terme d’un cours d’Ashtanga,
soit guidé, soit Mysore (Chacun connaît sa pratique et se fait corriger par le
professeur.) suivi de manière discipliné en respectant le temps de relaxation
nécessaire, l’esprit est alors plus clair, le mental apparaît moins agité et
l’on peut alors se concentrer sur l’essentiel. Le calme du mental ainsi
retrouvé permet au yogi de ne pas se perdre dans les pensées du quotidien, tous
les problèmes qui ne le concernent pas vraiment. Il peut alors appréhender les
choses de manière plus simple, directe et objective, sans être pris dans les
fluctuations du mental. Il semble alors davantage prêt à vivre le moment
présent de façon harmonieuse.
Pour conclure, en tant que
professeur mais surtout de yogi, je crois vraiment en toutes les potentialités
de la pratique de l’Ashtanga, mais surtout de la pratique du yoga en règle
générale. S’il est possible, ce qui est peut-être souvent le cas, de débuter le
yoga en dilettante, de manière irrégulière, ou juste afin
de « guérir » éventuellement de problèmes personnels, il est
certains que cette pratique apporte énormément de positif à tout un chacun.
Elle amène l’individu à se questionner, s’observer de manière objective et par
conséquent de travailler sur soi… Ce qui, il me semble mène de façon certaine à
la réalisation de soi.
D’après Gita Iyengar, fille du
grand maître B.K.S. Iyengar, contemporain de Sri K. Pattabhi Jois :
«Une sadhana (pratique) sans
défaut conduit à des changement radicaux dans la personnalité. On devient
modéré dans ses habitudes, sa nourriture, son sommeil et sa vie sexuelle. Au
fur et à mesure que se purifient le mental et le corps, un éveil spirituel se
fait jour. »
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